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Des chefs-d’œuvre d'art religieux

L'église de Landreville compte 13 baies ornées de vitraux. Ils ont tous été réalisés – pour ceux dont on connaît la date – entre 1889 et 1936.

Vous pouvez vous référer au plan de l'église ci-dessous afin de voir où les vitraux sont situés, grâce au numéro des baies, ainsi qu'à leurs titres.

Une première série de vitraux dans le chœur de l'église, date de 1889 à 1900. Ce sont les plus anciens de l'église. Ils ont été réalisés par la famille Lavergne, verriers de Paris.

Une deuxème série de vitraux se retrouve dans la nef, datant des années 1930.

Les vitraux présentent des dessins plus modernes. Ils ont été réalisés par la maison Maumejean de Paris et la maison Cagnart d'Amiens. Cette deuxième série de vitraux a été commandée par l'Abbé Chambrial.

Ils sont présentés ci-dessous en ordre de cohérence narrative et thématique.

Note: Passez votre souris sur les photos afin d'admirer les détails des vitraux.

 

Baie 1 : Jésus et la Samaritaine, 1889Jésus et la Samaritaine

par le maître-verrier Noël Lavergne

 

Ce vitrail se trouve du côté gauche de la croix qui est au centre du chœur de l'église. Il fonctionne de pair avec le vitrail présenté immédiatement ci-dessous, afin de venir compléter la figure du Christ en croix se trouvant au milieu, entre ces deux vitraux.

Cette œuvre délivre un message symbolique. Il représente la rencontre de Jésus avec la Samaritaine qui lui offre de l'eau, dans le but d'étancher sa soif. Cette représentation illustre que l'eau offerte à Jésus par la Samaritaine ne le désaltérera que pour une durée de temps limitée, tandis que lui offre un message de Dieu qui nourrira spirituellement les chrétiens pour l'éternité.

On y retrouve l'inscription en latin : « Si scires donum dei et quis est qui dicit tibi da mihi bibere » qui signifie : « Si tu savais le don de Dieu et qui est celui qui te dit "donne moi à boire" » (Jean, 4, 10).

Signature de l'artiste                               Inscription latine

Baie 2 : Noli me tangere, 1889Noli me tangere

par les maîtres-verriers Claudius et Noël Lavergne

 

Ce vitrail se trouve à droite du crucifix central, venant, tel que mentionné précédemment, compléter cette figure du Christ, qui est normalement présente au centre du chœur dans la plupart des églises chrétiennes.

On peut y voir Jésus qui apparaît à Marie-Madeleine après sa résurrection. Il est habillé en jardinier et tient en sa main gauche une bêche, afin d'illustrer l'évangile selon saint Jean (20 ;11-18) , où Marie-Madeleine ne reconnaît pas Jésus après sa résurrection, car elle l“avait prise pour le jardinier.

«Noli me tangere» sont les mots prononcés par Jésus lors de cette rencontre avec Marie-Madeleine, signifiant «Ne me touche pas».

Inscription latine

Baie 6 : Retour du filsLe retour du fils prodigue prodigue, 1891

par le maître-verrier Noël Lavergne

Dans les années 1890, l'Église est troublée par un contexte social et historique en pleine transformation. La France est en pleine révolution industrielle, ce qui fait évoluer les mœurs de la population, qui se soucie de plus en plus de son confort matériel plutôt que de sa vie spirituelle. La naissance et le développement des industries accroît les écarts sociaux, permettant d'enrichir ceux qui sont déjà fortunés et d'appauvrir les moins nantis. Cela a pour conséquence de favoriser la montée des idées sociales, qui effraient l'Église. De plus, la séparation de l'Église et de l'État qui eut lieu en 1905 contribue également au sentiment d'insécurité de l'Église à cette époque qui s“arcboute sur un passé révolu.

Ce vitrail représente donc un homme qui demande pardon d'avoir péché dans le bonheur matériel, et d'avoir écarté sa spiritualité. Cette œuvre rappelle aux gens les dangers que le confort matériel représente pour le salut de leur âme.

On peut y lire deux inscriptions en latin, la première nous informe sur l'iconographie du vitrail :

« Pater peccavi in caelo et coram te », qui signifie : « Mon Père, j’ai péché dans le ciel et devant toi » et la seconde : « Claudius et Noël Lavergne delint », signifiant « Claudius  et Noël Lavergne l'ont dessiné » .

Inscription latine                     Signature de l'artiste

Baie 8 : La Résurrection du fils de la veuve de Naïm, 1900La résurrection du fils de la veuve de Naim

par G. CI. Lavergne

Tel que l'indique son titre, ce vitrail représente la résurrection du fils de la veuve de Naïm. Le choix de présenter une résurrection autre que celle de Lazare, qui est bien connue et qui est celle qui nous vient à l“esprit lorsqu'on pense aux miracles de Jésus, est de démontrer la multiplicité des miracles. À partir du milieu du XIXe siècle, la médecine a beaucoup progressé et cela a eu comme conséquence pour la population d'oublier le culte des saints intercesseurs et d“entamer la croyance aux miracles. En effet, c'est à cette époque qu'il est devenu plus logique d'aller consulter un médecin pour des problèmes de santé plutôt que d'aller prier un saint martyr. L'Église a donc ressenti le besoin de raviver la croyance aux miracles.

Cette image présente un Jésus thaumaturge et majestueux qui manifeste toute sa puissance.

On peut y lire deux inscriptions en latin.
La première portant sur le contenu de l'oeuvre : « Adolescens tibi dico surget resedit qui erat mortuus et acepit loqui et dedit illum matri suae », signifiant : « Jeune homme je te dis '' lève-toi ''. Et le mort s'assit et se mit à parler et il le rendit à sa mère. » (Luc, 7 ; 11-17).

La seconde inscription porte sur la confection du vitrail : « Hoc opus a patre mire delineatum perfecit », qui signifie : « Il a achevé cette œuvre dessinée admirablement par le père ». Cette inscription par laquelle l“artiste glorifie son père est peu visible du public.

Inscription latine

Baie 4 : Saint Joseph, 1889Saint Joseph

par le maître-verrier Claudius Lavergne

Joseph porte l'enfant Jésus. Cette représentation de saint Joseph est à mettre en liaison avec le contexte de la révolution industrielle dans lequel ce vitrail a été commandé. En 1889, Joseph le charpentier devient le saint patron des ouvriers, dont le nombre a grandement augmenté avec le développement de l'industrie. Ce vitrail se situe dans la préparation de l'encyclique Rerum Novarum (1891) et appelle donc les ouvriers à ne pas se détourner de l'Eglise. En 1955, sa fête sera fixée au 1er mai

Cette image s'inscrit donc, par sa portée symbolique, dans la défense des pauvres proclamée par l'Église. Comme mentionné précédemment, la révolution industrielle accroît le nombre et la pauvreté des plus démunis, et l'Église s'inquiète de la montée des idées socialistes.

On peut y lire deux inscriptions en latin :

La première « Ite ad Joseph » signifie « Allez vers Joseph »
Et la seconde : « Claudius Lavergne invenit » qui signifie « Claudius Lavergne l'a inventé/trouvé ».

Inscription latineSignature de l'artiste

Baie 7 : Sainte Béline protège Landreville, 1938Sainte Béline protège Landreville

par les maîtres-verriers Mauméjean Frères

Ce vitrail se trouve dans le transept.

Un visiteur qui entre dans l'église de Landreville voit sur ce vitrail une Vierge à l'enfant. Cette image est désignée par les habitants de Landreville comme sainte Béline veillant sur Landreville. Sa protection est efficace, car nous pouvons observer à ses pieds une nature luxuriante, et des vignes abondantes, ce qui n'est pas anodin, car Landreville est un village viticole. De plus, ce foisonnement d'éléments picturaux floraux et naturels n'est pas sans rappeler l'influence des deux mouvements artistiques qui se sont succédés et qui ont fortement marqué le début du XXe siècle : l'art nouveau et l'art déco.

Détails floraux

 

Les vitraux suivants représentent le cycle de la vie de Marie, mettant en scène les moments les plus importants de sa vie.

 

Baie 10 : Nativité de la Vierge Marie, 1934la nativité de la Vierge

par les maîtres-verriers Mauméjean Frères

Ce vitrail représente la naissance de la Vierge Marie. Dès sa naissance, sa sainteté est affirmée par l'auréole qui nimbe sa tête. Le geste de sa mère est à mettre en rapport avec le futur geste de  Marie lors de de l“annonciation : sur de nombreux tableaux, les artistes ont choisi de représenter la réponse de Marie  à Gabriel : « : Je suis ta servante. »

Rappelons que le dogme de l“Immaculée Conception de Marie a été proclamé en 1854.

Signature de l'artiste

Baie 12 : Présentation de la Vierge Marie au TemplePrésentation de la Vierge Marie au Temple

par les maîtres-verriers Mauméjean Frères

 

Nous ne connaissons pas la date exacte de la création de ce vitrail. Il est signé par la maison Mauméjean Frères. Cela laisse penser qu'il a pu être réalisé dans la même série que les autres vitraux de le même maison présents à l'église de Landreville, et donc, dans les années 1930.

Les artistes ayant réalisé ce vitrail ont été influencés dans leur art par les mouvements artistiques de leur époque. Nous pouvons observer des coups de pinceaux et un découpage des formes qui rappelle le cubisme.

 Détail: influence cubiste

Baie 14 : Annonciation, 1934Annonciation

par le maître-verrier R. Cagnart et P. Verrier

Ce vitrail est intéressant par le souci que l'artiste a eu de rendre le mouvement. Les volutes du nuage violet qui se trouve aux pieds de l'archange Gabriel montrent qu'il est en train d'arriver, ce qui permet une représentation de l'Annonciation qui n'est pas figée.

L'élément symbolique du vase est mis de côté. Nous pouvons y voir les lys qui symbolisent la pureté de la Vierge, mais ils sont dans un tout petit vase caché derrière la robe de Marie.

Signature de l'artiste

Baie 13 : Visitation, 1934La visitation

par le maître-verrier R. Cagnart

Cet événement de la vie de Marie est évoqué dans l'évangile de Luc, (1 : 39-45). Marie enceinte du Christ rend visite à sa cousine Élisabeth (ici agenouillée à gauche), enceinte de Jean-Baptiste.

Élisabeth est représentée dans une posture de dévotion et d'adoration envers Marie, qui diffère de l'iconographie traditionnelle où les deux femmes sont représentées debout, au même niveau comme dans le célèbre groupe sculpté du XVIe siècle qui se trouve dans l'église Saint-Jean-au-Marché de Troyes.

Remarquons la présence symbolique des roses aux pieds de Marie : la rose étant un attribut de Marie, mais également l'évocation du martyre et du sang du Christ. À cette époque, la Vierge était fréquemment représentée accompagnée de roses, comme c'est le cas sur la mosaïque du chœur de Notre-Dame des Trévois, datant également des années 1930.

Baie 11 : Nativité de Jésus, 1936Nativité de Jésus

par les maîtres-verriers Mauméjean Frères

 

Ce vitrail représente la naissance de Jésus selon une iconographie traditionnelle : Joseph, Marie, l'étable, le bœuf et l'âne.

Le personnage à l'arrière-plan pose problème quant à son identification. Serait-il un berger accompagné d'un seul mouton ou une évocation anachronique de Jean-Baptiste sans auréole ? Il est possible de penser que l'artiste a voulu cette ambiguïté, afin que nous nous en fassions notre propre interprétation. On peut néanmoins noter le geste de tendresse de cet homme envers l'agneau, qui n'est pas sans évoquer le sacrifice à venir de Celui qui est venu racheter les péchés du monde.

Signature de l'artiste

Baie 9 : Dormition de la Vierge, 1936Dormition de la Vierge

par les maîtres-verriers Mauméjean Frères

Le vitrail se trouve en face de celui qui présente la nativité de la Vierge, ce qui permet de boucler le cycle de la vie de Marie.

L'artiste a choisi de montrer le lien privilégié entre Jean et Marie en liaison avec les paroles de Jésus en croix : « Femme, voilà ton fils. […] Voilà ta mère » (Jean 19, 25-27).

Baie 5 : Assomption, 1891Assomption

par le maître-verrier Noël Lavergne

 

Ce vitrail représente sans équivoque l'Assomption de la Vierge.
Marie rayonnante est portée au ciel par les anges dans une mandorle. D“autres anges, en haut et en bas commentent l“évènement sur des phylactères.
L»image comporte de nombreux symboles mariaux : la couronne, les étoiles, les lys, les roses...

Il porte l'inscription en latin : « Claudius Lavergne invenit », voulant dire, « Claudius Lavergne l'a inventé ».
Cela signifie que Claudius Lavergne a inventé ce vitrail, qu'il l'a pensé et en a probablement dessiné la maquette, par contre, ce n'est pas lui qui l'a réalisé dans l»entreprise Noël Lavergne.

 

 

Nous vous invitons, bien sûr, à venir voir ces vitraux in situ dans l'église de l'Assomption de Marie de Landreville. Cela permet d'admirer les détails ainsi que la lumière qui leur donne un éclat différent selon la saison ou le moment de la journée.


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